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En quelques jours, la jeune femme d’alors 29 ans a le corps mort, mais le cerveau bien vivant et alerte. Si bien que les médecins doivent scotcher ses yeux pour qu’elle puisse les fermer : « les douleurs étaient telles que j’ai demandé à mourir », raconte-elle à mi-voix, les yeux dans le vague.
Ce qui l’a tenue ? Son mur de la motivation, comme elle l’appelle, avec les photos de son fils, deux ans, les cheveux blonds comme les blés.
Ce qui l’a sauvée ? Son premier kiné, qui, chaque jour, la comprenait d’un regard et mobilisait son corps pour éviter la rigidification.
Et puis, un mois et demi plus tard, Violaine Berlinguet bouge son pouce droit. C’est le début de l’espoir, le début de la rééducation - qui durera des années et dure encore, le début d’une nouvelle vie.
Une créative éprise de liberté
Sa bonne étoile semble la suivre : elle aurait dû mourir tant son syndrome a été sévère ; elle n’aurait pas dû autant récupérer sa mobilité. Pourtant, après de longs mois à se cacher des autres et d’elle-même, elle sort de sa chrysalide : « je sais ce que je veux faire : écrire, et créer », lance celle qui a cumulé petits boulots alimentaires et emploi stable - mais ennuyeux - en banque pendant des années, pour avoir une vie sérieuse.
Artiste dans l’âme, elle s’était pourtant rapidement tournée vers les arts appliqués, à 15 ans, au lycée Charles Peguy d’Orléans, puis à l’École Boulle de Paris et, plus tard, en design de produits à Roubaix. En réalité, chaque étape a été une douche froide.
Aujourd’hui, l’Olivetaine se déplace patiemment, «comme un pingouin» selon ses mots, avec une canne qu’elle enfonce dans le sol avec violence tant sa rage envers la maladie l’inonde. « J’ai mis du temps à réaliser mon état, souligne-t-elle. Je suis toujours en colère car une année de vie m’a été volée. Le chemin est long mais écrire et dessiner mon histoire de façon esthétique me fait tourner une page. » En août, le premier roman graphique de Violaine Berlinguet, Patiente, a été édité aux éditions Bold.