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La jeune femme affiche un flegme à la britannique. Difficile de l’imaginer piquer une colère. Sans doute que ce trait de caractère et cette impassibilité apparente lui facilitent bien les choses quand elle exerce son métier. Une profession peu en vogue aujourd’hui en France. Élisa Espada, 29 ans, est artiste laqueur.
Un travail qui nécessite beaucoup de patience
souffle l’Olivetaine. Car la laque est une technique ancestrale minutieuse. Sur différents supports comme le bois, celui qu'elle travaille on applique plusieurs couches fines de cette matière, que l’on laisse sécher à l’air libre entre chaque application. Et puis on ponce pour laisser apparaître un résultat surprenant et éclatant de reflets irisés.
Il peut y avoir une vingtaine de couches, explique l’artiste. Entre chacune d’elles, on laisse sécher 24 heures. À chaque fois, il faut poncer. C’est une phase que j’aime beaucoup car on ne sait jamais sur quoi on va tomber. Si l’on n’aime pas poncer, ce n’est pas la peine de faire de la laque.
••• PLUS DE DIX ANS DE PRATIQUE
L’histoire de la laque commence en Chine, il y a près de 3000 ans. Sa technique s'est développée ensuite dans toute l'Asie du Sud-Est. Au XVIIe siècle, elle fait son apparition en Europe. S’il y a une dizaine d’années qu’elle a découvert cette pratique, Élisa Espada s’est formée dans une école parisienne, « la seule en Europe » spécialisée dans cet artisanat. Au sortir de ses études, la jeune femme a passé six mois auprès d’un professionnel à Hanoï, au Vietnam, pour se perfectionner et développer sa créativité. En 2019, elle a créé son entreprise Laquelisa. Élisa a installé son atelier dans la maison familiale à Quiers-sur Bézonde, à une cinquantaine de kilomètres d’Olivet.
J’ai aménagé une grande pièce chez mes parents, car j’ai besoin de beaucoup de place pour travailler et pour entreposer mon matériel. Parfois je peux y passer tous les jours pendant plusieurs mois.
••• DES SCULPTURES, DES BIJOUX, DES DÉCORS MURAUX…
Aujourd’hui, on peut voir les œuvres d’Élisa Espada à la Chambre des métiers d’art du Centre. Fin mai, certaines ont été exposées au Moulin de la Vapeur, dans l’espace Charles Pensée. Elles sont également visibles sur les réseaux sociaux, car l’artiste les dévoile régulièrement sur ses pages Instagram et Facebook.
Des sculptures, des bijoux, des décors muraux… J’essaye de faire de tout pour que ce soit accessible pour tout le monde !
Plus qu’un métier, la laque est d’abord une passion pour Élisa. Visiblement, elle est contagieuse.
Mes deux filles commencent à s’y mettre aussi, on dirait qu’elles vont suivre le même chemin !