Parcours patrimoine
Monument aux morts
Informations annexes au site
Souvenirs de la Grande Guerre à Olivet
156, c'est le nombre de poilus Olivetains morts pendant la guerre, alors que la commune comptait à la veille de la mobilisation 3800 habitants. C’est dire combien l’empreinte de ce conflit meurtrier est restée longtemps profonde dans la population.
Témoignages des poilus olivetains au front
Les Archives Départementales du Loiret conservent la mémoire écrite de poilus olivetains sous forme de précieux documents (aujourd’hui numérisés et consultables en ligne) : ce sont en particulier les carnets de Léon Vinauger, d’une vieille famille d’Olivet, artilleur au 120e régiment d'artillerie lourde en 1914-1918. Chacun des carnets possède à la fin une liste de morts (ainsi qu'une liste de morts et blessés en 1939 pour le 3e carnet), ainsi qu'un ordre de bataille (régiments et batteries). Léon Vinauger y détaille, jour après jour, ses déplacements, les canonnades, le temps, les combats d'avions, les visites de généraux (et de diplomates américains), les colis reçus de sa famille et de sa marraine de guerre, sa blessure et son opération (novembre 1916), ainsi que ses permissions.
Les Archives départementales ont également numérisé la belle correspondance sur cartes postales d'Albert Ricois, conducteur dans un escadron du train, avec sa femme Marie (née Vinauger) et son fils Roland, ainsi que d'Eugène Vinauger avec sa soeur Marie. Albert Ricois a été conseiller municipal de 1919 à 1929, puis adjoint au maire (dans l’équipe de Paul Genain) de 1929 à 1944. Il a fait fonction de maire en 1939-1941, pendant la mobilisation de Paul Genain.
L’association A la recherche du passé d’Olivet a aussi publié plusieurs lettres de poilus olivetains dans son ouvrage Olivet, Mémoires d’un siècle (2004).
Les soldats Indiens à Olivet
Fin septembre 1914 Orléans a été le point de rassemblement des troupes indiennes de l’armée britannique débarquées à Marseille et acheminées par trains jusqu’à Orléans où elles vont y être entraînées avant leur départ vers le front : il s’agissait des « British Indian Corps » de l’armée Britannique, 3ème Lahore division et 7ème Meerut division, avec le 47ème Sikhs du Commandant Major Davidson, qui comprenaient les fameux lanciers du Bengale.
Leurs campements sont le camp de Cercottes, puis bientôt Olivet, où ils s’installent dans les bois du parc du Château de la Source. C’est qu’ils étaient très nombreux, et il fallait leur trouver de la place, pour eux, leurs chevaux, leurs mulets et leurs chèvres : « Trente-cinq à quarante mille hommes de troupes anglo-indiennes stationnent dans les environs Orléans » , écrit le commissaire de police Chabrié, le 22 octobre (dans son rapport quotidien au Préfet du Loiret, pour les premiers mois de guerre). On les cantonne dans ces bois de la Source pour respecter leur mode de vie et leurs coutumes, en les mettant à l’abri des démonstrations de curiosité.
Au cours de leurs allées et venues quotidiennes entre leur campement et Orléans, ils offraient aux Olivetains un spectacle très pittoresque avec leurs attelages de mules, leurs très nombreux petits chevaux et les fiers lanciers du Bengale avec leurs longues lances. Ils empruntaient la rue du Moulin, petit chemin encore rural que leurs charrettes défonçaient allégrement ! Cette rue devait prendre pour cela le nom de Rue du Camp des Indiens, qu’elle a conservé, gardant le souvenir de ces courageux combattants venus de l’autre bout du monde et qui ont payé un lourd tribut dans ce conflit.
Accueil des enfants, des blessés et des malades
En juillet 1915 arrive à Olivet une caravane d’enfants rémois, placés loin des bombardements par l’oeuvre de l’Accueil français, fondée par la Fédération des Amicales d’instituteurs.
Un Hôpital annexe pour les malades est installé dans le château de la Fontaine et dans le château de Beauvoir, tandis qu’une partie des locaux des écoles, de l’orphelinat Sainte-Marie, du patronage Saint-Joseph est transformée en Hôpital temporaire N°6. Les conditions matérielles étaient mauvaises et les établissements inadaptés : on sait par exemple que, dans l’école d’Olivet qui avait cédé une partie de ses locaux à l’hôpital temporaire N°6, les élèves étaient très perturbés par les cris de douleurs venant des salles d’opérations installées à côté des salles de cours.
Au cours des quatre années de guerre, ces différentes unités de soins ont reçu près de 3000 soldats blessés ou malades.
Gaston d’Illiers (1876-1932), un grand artiste olivétain marqué par la Grande Guerre
Sculpteur animalier, il a consacré sa vie à ses deux passions, le cheval (c’était un cavalier émérite, passionné de courses de chevaux) et la sculpture (ses oeuvres, très recherchées, se trouvent aujourd’hui dans plusieurs musées et collections). Il partageait son temps entre Orléans, rue Chanzy, et Olivet, au château de La Fontaine puis au moulin Saint-Samson.
Dès le début de la guerre de 14, alors qu’il avait d’abord été réformé pour raisons de santé, il s’est tout de même engagé au 8 e Régiment de Chasseurs : dans la boue de la Somme et au cours de l'offensive de Champagne en septembre 1915, il a connu les rigueurs de la guerre et fut profondément marqué par les souffrances des hommes et des animaux. Une maladie le fait évacuer en 1916 et il termine la guerre à Orléans comme responsable des chevaux du dépôt et de leur dressage. Il réalise alors plusieurs oeuvres qui sont un hommage poignant aux poilus et à leurs compagnons d’infortune, les chevaux. Ainsi a-t-il sculpté quelques scènes particulièrement réalistes, comme Dans la boue de la Somme (1916), Estafette à cheval (1919), Attelage d’artillerie (1919). Il a également voulu rendre un hommage très particulier aux souffrances des animaux sur le front, en réalisant un très émouvant projet de monument Aux Animaux de la guerre , qui remporte un beau succès, mais ne sera jamais réalisé. C’est alors, en 1920, que la municipalité lui commande une oeuvre pour le Monument aux morts que la commune a décidé d’ériger.
Gaston d’Illiers sculpte, très sobrement, un bas-relief en bronze représentant un trophée militaire, surmonté d’une palme et des deux vers de l’Hymne fameux de Victor Hugo dans Les Chants du crépuscule (1835) :
Gloire à notre France éternelle !
Gloire à ceux qui sont morts pour elle !
(Petit rappel, pour ceux qui ne la connaissent pas, de la belle première strophe de ce poème :
Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie
Ont droit qu'à leur cercueil la foule vienne et prie.
Entre les plus beaux noms leur nom est le plus beau.
Toute gloire près d'eux passe et tombe éphémère ;
Et, comme ferait une mère,
La voix d'un peuple entier les berce en leur tombeau ! )
Le Monument aux morts, en granit des Vosges, a été érigé à l’angle de la rue de la Mairie et de la rue de la Vallée. Une souscription publique a permis de compléter la subvention de l’Etat, et l’inauguration a eu lieu le 31 juillet 1921. Comme on peut le voir sur ces cartes postales anciennes, le monument était au début entouré de quatre petits canons allemands, qui ont été enlevés peu de temps après pour être remplacés par des coques d’obus reliés entre eux par des chaînes. On avait le projet de couronner la colonne d’un coq en bronze, mais les finances firent défaut.
Au lendemain de la guerre 14-18, Olivet a été la marraine de la commune de Mesnil-Martinsart dans la Somme, complètement détruite par la guerre. Pour sa commune filleule, Olivet organise de nombreuses fêtes de bienfaisance et des tombolas, auxquelles participent généreusement tous les habitants.
La Deuxième Guerre mondiale et l’Occupation
Olivet a connu à nouveau des heures sombres, en juin 1940, alors que l’exode jette la population paniquée sur les routes vers la Sologne, sous les bombardements allemands, qui font des morts et de nombreux blessés, civils et militaires. Un hôpital est ouvert au château du Couasnon, appelé Hôpital Z.
Les Allemands entrent dans Olivet le 18 juin au matin et font plusieurs prisonniers. Durant plus de 4 ans Olivet va subir l’occupation allemande, avec les contraintes, les réquisitions et les rationnements qu’a connus toute la zone occupée. La Résistance s’organise et s’intensifie en 1944 : une grande figure de la Résistance à Olivet a été Marcel Belot, boucher au centre bourg, qui a livré le 18 août 1944 des armes à six résistants d’Olivet, du groupe « Vengeance ». Arrêtés le 21 août par les Allemands, ils vont tous tomber sous les balles de l’ennemi. Une plaque sur la maison de Marcel Belot rappelle les noms de ces maquisards morts pour la libération de la commune : Marcel Belot, Gérard Vinauger, Jean Sabart, Jacques Grenier, Daniel Hivet, Pierre Ferrand, Georges Charron.
Ce mois d’août 1944 a été pour Olivet particulièrement éprouvant et meurtrier. Alors que la ville d'Orléans est libérée, le 16 août, les Allemands se replient vers le sud, après avoir fait sauter le pont Royal. Pendant une quinzaine de jours, la population olivetaine vit un véritable cauchemar. Les combats entre les alliés américains et les Allemands redoublent. Des milliers d'obus, dont une quarantaine sur le château de la Fontaine, frappent Olivet. Des centaines de maisons sont endommagées. Les troupes allemandes embusquées font près d’une dizaine de victimes civiles.
Enfin le 2 septembre 1944, Olivet est libéré.
Les Américains à Olivet
Cinq ans après la victoire de 1945, face à la menace soviétique (qui venait de décréter le blocus de Berlin), les Américains, dans le cadre de l'OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord) positionnent des soldats en Europe et notamment en France. Orléans fut choisi comme quartier général des communications de troupes américaines en Europe (ou COM Zone).
Ce dispositif commence en 1950 avec d’abord l’arrivée d’une centaine d’hommes qui stationnent dans un village de tentes à Olivet. Petit à petit, les effectifs augmentent et de nombreuses infrastructures sont installées, à Orléans et dans les communes environnantes, et tout particulièrement à Olivet, où les troupes de l’US Army s’installent sur le vaste domaine de Maisonfort (qui venait d’être racheté par les Domaines), à la lisière des communes d’Olivet et d’Ardon, où des bâtiments en préfabriqué sont implantés, nommés Harbord Barracks (du nom du général américain James Guthrie Harbord, chef d’Etat-major de Peshing, qui avait héroïquement participé à la bataille de Bois Belleau et de Château-Thierry en juin 1918 à la tête de la 4 ème brigade de Marines).
Les malheurs du château de Maisonfort : L’antique château de Maisonfort, majestueuse demeure qui datait du 17 e siècle, malheureusement en mauvais état, fut détruit, sans autre forme de procès, en 1958 par les Américains qui le trouvaient vétuste et bien gênant… La Ville d’Orléans récupéra la magnifique grille 17 e et l’installa à l’entrée du Jardin des Plantes rue Candolle (mais cette entrée donnant aujourd’hui sur l’avenue Roger Secrétain n’existe plus !) Il ne reste plus comme souvenir du château de Maisonfort que deux pavillons…
Les officiers américains installent leur cercle au château de la Mothe, tandis que dans le parc ont été élevées des constructions neuves pour loger une partie d’entre eux. Des logements sont construits spécifiquement pour les soldats américains et leur famille au lieu-dit les Quatre-Vents en 1957 : c’est la résidence Maréchal Foch, qui existe toujours. Les officiers supérieurs quant à eux occupent de belles propriétés comme la villa « Les Charmes » sur Olivet, les « Hauts Monceaux » et le « Fossé juré » sur Saint-Pryvé-Saint-Mesmin. C’est également sur Saint-Pryvé-Saint-Mesmin que fonctionne la « Blanchisserie générale de l'armée américaine ».
Les Américains avaient aussi investi les guinguettes du bord du Loiret, en particulier celle de Port-Arthur sur Saint-Hilaire (ils en avaient fait leur QG, transformée alors en hôtel-restaurant sous le nom de L’escale de Port-Arthur). Les Américains ont d’ailleurs contribué fortement au changement de style de nos guinguettes 1900 qu’ils trouvaient sympathiques mais trop vieillottes et démodées : à partir des années 1950, les guinguettes traditionnelles ont peu à peu fermé leurs volets ou se sont transformées en restaurants plus huppés pour cette clientèle américaine qui en était très friande.
La présence américaine sur la commune a eu d’importantes retombées économiques. Les Américains ont eu aussi une oeuvre caritative importante sur Olivet, aidant matériellement et financièrement les personnes âgées, les écoles, l’orphelinat ; ils se sont en particulier mobilisés pour restaurer la chapelle de l’orphelinat Sainte-Marie. Ils prenaient également part à la vie locale, organisaient des journées portes ouvertes sur la base, offraient des spectacles et des concerts…
Cette bonne entente s’est évidemment concrétisée par de nombreux mariages !
Depuis le départ des troupes américaines en 1967, la base appartient à l'armée française : ce sont les actuels quartiers Valmy et Maisonfort où se trouve le 12 e Régiment de Cuirassiers.
Dragons et cuirassiers à Olivet
En avril 1968, le 4 e Régiment de Dragons prend ses quartiers à Olivet, sur le domaine de Maisonfort où se trouvait la base militaire américaine. Ce régiment historique s’était illustré pendant les guerres de la Révolution et de l’Empire, en particulier à la bataille de Valmy en 1792, d’où le nom de Quartier Valmy donné à leur cantonnement.
En 1979 le 6 e Régiment de Cuirassiers (escadron de commandement et de services) remplace les Dragons. En 1994, il fusionne avec le 12 e Régiment de Cuirassiers au sein du 6 e -12 e Régiment de cuirassiers formant le Leclerc Cavalerie. Ce régiment, créé en 1668 sous le nom de Dauphin Cavalerie, combattra sur tous les fronts, Espagne, Hollande, Autriche pour défendre les intérêts de la France sous l’Ancien Régime. Il prend sous l'Empire le nom de 12 e Régiment de Cavalerie et suit la grande Armée jusqu'à Moscou. Après la guerre de 1914-1918, les cavaliers sont progressivement motorisés et équipés de chars.
En 1943, le 12 e Régiment de cuirassiers intègre la célèbre 2 e Division Blindée du général Leclerc et participe à la libération de Paris et de Strasbourg en 1944.
Le 12 e Cuirs à Olivet aujourd’hui, ce sont : 800 cuirassiers, 7 escadrons (de 100 à 110 personnes) 18 chars Leclerc série 21, 53 véhicules blindés légers (VBL), 6 véhicules de l'avant blindé, 34 véhicules légers, 30 camions de transport.
Le régiment y effectue la préparation opérationnelle des opérations extérieures. Puis, c'est le départ en OPEX (opérations extérieures), entre 180 à 220 jours par an. Afghanistan, Liban, Kosovo, plus récemment Centrafrique et Emirats Arabes Unis, le régiment est présent partout dans le monde, mais aussi en France dans le cadre de l'opération Sentinelle.
Le Quartier Valmy dispose également d’un Centre Equestre Militaire, doté de deux carrières et de deux manèges.
Olivet entretient des relations étroites et chaleureuses avec « son » régiment qui multiplie les contacts avec la population, à l’occasion de Portes ouvertes, de démonstrations, et de nombreux évènements comme les Fêtes Johanniques à Olréans, où le défilé des chars est toujours un temps fort très attendu par les spectateurs. En mai 2018, le 12 e Cuirs a fêté brillamment son 350 e anniversaire, marqué par plusieurs manifestations ouvertes à tous, dont un spectacle son et lumières au Donjon a été la point d'orgue.
Les cimetières d’Olivet, autres lieux de mémoire
Le tout premier cimetière se trouvait au chevet de l’église, où il est resté pendant des siècles. Puis le 18 juin 1838, le conseil municipal et son maire, Jacque de Mainville, décident la translation du cimetière devenu trop petit et environné d’habitations. Il est déplacé sur un terrain acheté rue de la Vallée au sieur Baudelin qui y cultivait de la luzerne… En 1839 les habitants réclament une croix dans le nouveau cimetière : M. d’Illiers offre une colonne, le chapiteau et le socle ; un autre conseiller, M. Lanson, fait don de tous les matériaux pour la fondation ; le reste de la dépense est payée par la fabrique de l’église d’Olivet. En 1901, le maire Albert Barbier s’occupe de l’agrandissement du cimetière et négocie l’achat d’un terrain de 2600m2.
Dans le cimetière de la Vallée, dans le carré militaire (réaménagé et restauré en 2014 lors du Centenaire de la Grande Guerre) ont été inhumés plusieurs dizaines de soldats de la Guerre 14-18 décédés dans les unités de soins de la ville.
Au début des années 1970, un second cimetière est créé au sud de la ville, dans un cadre plus naturel, en bordure du Bois de Semé dont il prend le nom.
La guerre de 1870 à Olivet
Le 13 octobre 1870, les troupes bavaroises du général von der Thann traversent la Loire et prennent position à Olivet, où elles restent jusqu’au 18 novembre. Mais la population n’a pas eu le temps de souffler qu’une deuxième vague d’envahisseurs se présente le 5 décembre : les Prussiens du Prince Frédéric-Charles qui s’installent sur les bords du Loiret jusqu’au 7 mars 1871.
Ces cinq mois d’occupations ont été cauchemardesques pour la population, à qui l’ennemi a fit subir saccages, menaces, brutalités et réquisitions. Les exigences prussiennes étaient démesurées pour une petite commune comme Olivet qui dut débourser sans délai des sommes énormes, fournir des milliers de paires de bottes et de chaussures, donner tous ses chevaux, vider ses caves et ses granges… Trois petits ponts sur le Loiret ont été détruits : ceux de la Mothe, du Bac et des Béchets.
La commune mit longtemps à panser ses plaies et réparer les dommages de guerre.